Le château des Ducs d’Epernon

Situé à Cadillac en Gironde, l’édification du château commence dès 1598. Ce château, à la fois défensif et d’apparat, est considéré comme un jalon de l’architecture française du XVIIème. Il sera pillé à la Révolution puis vendu à l’Etat qui le transforme en prison pour femmes puis en « école de préservation  (sorte de maison de redressement) pour jeunes filles. En 1928, ces dernières provoquent un incendie qui ravage l’aile royale. Finalement, l’établissement sera fermé en 1952. Relativement dénaturé par ses affectations diverses, le château passe sous l’égide du secrétariat d’état aux Beaux-Arts, et fait depuis l’objet d’un vaste programme de restauration/réhabilitation.

Restauration d’éléments de décors de l’aile royale

  • Les cheminées de la salle et de l’antichambre du Roi

Ces deux cheminées sont situées de part et d’autre du mur séparant la salle et l’antichambre royale. Elles ont toutes deux été très mutilées par l’incendie, notamment au niveau des statues.

Le traitement mis en place, après intervention des maçons, a consisté à dépoussiérer l’ensemble des deux cheminées, à les décrasser avant de réintégrer la polychromie.

Les dorures ont été harmonisées à l’aquarelle et on a réintégré en faux-marbre les marbres disparus.

  • L’ébrasement de fenêtre du salon Moresque, antichambre la Reine

Il se compose d’un élément de plafond encadré d’une corniche située au dessus d’une frise avec moulure. L’élément de plafond présentait des concrétions blanches eu niveau des joints d’assemblage des planches et un blanchiment plus ou moins prononcé selon les caissons en trompe-l’œil.

Une étude préalable de polychromie fut commandée afin de déterminer la stratigraphie de la couche picturale, la nature des liants, des concrétions et des blanchiments.Ces analyses préalables furent déterminantes dans la mise en place du protocole d’intervention. Le blanchiment résultait du développement de sels essentiellement constitués de gypse pouvant former des croutes ou des concrétions pulvérulentes. A ce développement de sels blanchâtres était associée une importante contamination mycélienne, également détectée au niveau de la couche picturale et présente dans la structure du support bois.

 clichés MP. Etcheverry – Laboratoire LAMOA  Expertises

Concrétions et blanchiments furent éliminées mécaniquement au scalpel et aux micro-fibres.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

En observant les clichés des fiches de l’inventaire, on a pu constater que  blanchiment et concrétions s’étaient accompagnés d’une modification de ton de l’échiquier formé par les caissons en trompe-l’oeil.La patine, appliquée pour assombrir certains d’entre-eux, s’était franchement éclaircie.

 

 

 

 

 

 

 

 

La présence de la patine fut confirmée par l’analyse stratigraphique.

clichés Estelle Mury – Laboratoire MSMAP

 La patine oxydée et altérée fut éliminée mécaniquement.

Cette intervention fut cruciale pour assurer la conservation de l’ébrasement mais les analyses, mises en oeuvre dans ce but,  ont aussi permis une détermination précise des matériaux constitutifs et ainsi une meilleure connaissance de l’aspect originel de ce faux plafond à l’italienne. C’est en effet grâce à ces dernières et à l’observation des photos d’archives que l’on a pu mettre en évidence l’altération de la patine qui dénaturait le rapport de ton du damier. Plus globalement, cette étude illustre, au travers des matériaux et du système décoratif mise en oeuvre,  le déclin des ambitions décoratifs du premier Duc, Jean- Louis de Noguaret, qui va de pair avec  sa disgrâce.